Un peu plus a mon sujet / A bit more about me




English below.




Je suis un mouton noir. Différent, je ne fais rien comme les autres. Pendant que les autres empruntent la belle route pavée et droite, moi, je fais mon chemin a coup de machette, dans une jungle infestée de mouches et de tigres mangeurs d'hommes. Les gens sur la belle route me voient m'enfoncer dans la jungle, et se disent "il est fou" ou "il n'y arrivera pas", mais se taisent tous quand bien plus tard, je réapparais de l'autre coté de la jungle, le corps couvert d'égratignures, certes, mais quand meme bien vivant. Mon mode de pensée est unique. J'ai besoin de faire mon chemin. De faire les choses, a ma facon.

Je ne correspond pas au moule dans lequel la société souhaiterait que chacun puisse s'insérer. D'abord je suis atteint du syndrome d'Asperger, considéré une forme bénigne d'autisme, principalement caractérisée par des difficultées dans les relations sociales, tel que le décodage du language non-verbal, ou encore, des champs d'intérets peu variés et étroits. Les aspergers ont souvent des difficultées avec les conventions sociales, tel que la tenue vestimentaire a adopter lors d'évenements donnés. Parfois, ils apprennent mieux seuls, ils sont autodidactes. Les aspergers ont aussi beaucoup de difficultée avec l'hypocrisie, le double-language. (discours de politiciens, arguments de vendeurs insistants) Cependant, certaines de ces difficultées s'estompent avec le temps, et de plus, de nombreux Aspergers peuvent etre très doués. Certains ont un QI très en haut de la moyenne, d'autres, peuvent etre très imaginatifs, créatifs, ou posséder une mémoire photographique prodigieuse.

D'autre part, je suis atteint d'un trouble de dépersonalisation ainsi qu'un syndrome de stress post-traumatique complexe, conséquences de gestes de nature criminelle, dont je préfère ne pas trop discuter, que j'ai subi de l'age de 3 ans jusqu'a l'aube de la vie adulte. Ce que je vivais a ce moment-la, a considérablement affecté mon développement social et scolaire. Je me suis isolé du reste du monde et me suis tourné, dès les premières années de l'élémentaire, vers la lecture d'encyclopédies et de livres traitant de sciences et de technologie. J'ai rapidement découvert un domaine bien précis qui m'intéressait plus que les autres et dans lequel j'avais la possibilité d'expérimenter, a la maison: Celui de l'électronique. 


Cependant, a peine arrivé sur le marché du travail, j'ai été atteint par une maladie inflammatoire de l'intestin très handicapante qui m'a gardé plusieurs années en convalescence loin du monde actif. J'ai cru pendant un certain temps que j'allais y rester, et j'avais hate de partir. La longue convalescence qui a suivi a considérablement accru mon isolement social.

Ce qu'on remarque chez moi, ce sont mes difficultées dans les relations sociales. Puis, ma personalité évitante, j'ai tendence a vouloir rester seul. Dans de nombreuses situations, je vais souvent imaginer que le pire scénario va se produire. J'ai beaucoup de difficultées a faire confiance aux gens. Je dois éviter la proximité de personnes a l'attitude dominante, ou au tempérament agressif, ceux qui aiment se donner un air de voyou, qui préconisent l'usage de la violence pour régler les problèmes. Ils sont pour moi un déclancheur, rammenant a la surface les symptomes les plus séveres du syndrome de stress post-traumatique, soit l'hyper-vigilance, les flashbacks, angoise, les attaques de panique. 
  
En raison de ce que j'ai vécu dans mon enfance, l'école était pour moi un cauchemar. Bien que les psychologues disaient de moi que je suis surdoué, je me suis retrouvé avec des diplomes sans grande valeur réelle. La grande partie des choses que je peux faire, excédant largement les connaissances acquises a l'école, sont des choses que j'ai appris par moi-meme. Cela signifie que je n'ai pas de diplomes attestant de ces connaissances ou habiletées que je possède. La conséquence est que sur le marché du travail, aucune compagnie sérieuse ne va embaucher des gens comme moi, alors qu'elles ne considèrent que les candidats possédant des diplomes et sont membres en règle de corporations professionnelles. Je n'ai que des expériences d'emplois négatives et traumatisantes, accumulées dans de petites compagnies minables, qui ont d'ailleurs toutes fermé leurs portes depuis, dans lesquelles le respect des gens, des relations interpersonnelles, étaient inconnues.  Bien que je suis resté très marqué et amer de ces expériences, je conserve néanmoins un beau souvenir d'un ingénieur sénior avec lequel j'ai brièvement travaillé, aujourd'hui a la retraite, qui m'a fait le plus beau compliment qui soit, en me disant me considérer comme le non-ingénieur le plus compétent et qualifié qu'il lui ait été donné de rencontrer.

Je retire le plus de fierté et de sentiment d'accomplissement, de choses que je concois et fabrique seul, a la maison. Très jeune, par la lecture, j'ai acquis assez de connaissance en électronique, a un point tel que j'ai commencé a concevoir des circuits de complexité de plus en plus grande. J'adorais cela. J'ai en outre réalisé une télécommande pour modèles réduits, et puis, des projets de robotique, micro-ordinateurs et bien plus. Puis est venue la maladie inflammatoire de l'intestin, considérée incurable, et la facon bizzare dont je m'en suis tout de meme débarrassé, par le contact avec la nature et les animaux. Depuis ce jour, mes valeurs se sont complètement transformées. J'ai pratiqué l'équitation presque a tous les jours pendant 9 ans. Possédé un cheval pendant 6 ans. Eu un chien croisé husky-colley pendant 13 ans. J'adore énormément le contact avec la nature, c'est pour moi quelque chose d'aussi essentiel que de manger ou respirer.


J'ai perdu tout intéret et plaisir a faire ce que j'aimais avant, la conception électronique et micro-programmation. Mes derniers employeurs, par leur agressivité, m'ont définitivement enlevé le peu d'intéret envers l'électronique qui m'était resté suite a ma guérison. C'est au cours de ce dernier emploi, durant lequel la relation entre moi et mon patron, pourtant bonne au début, est devenue progressivement intolérable, que j'ai développé un intéret pour la voile. Je suis allé suivre des cours de navigation. Puis j'ai commencé a scruter les annonces de voiliers a vendre. Mais, je n'avais pas beaucoup d'argent de coté et la ou je travaillais, il semblait évident que la compagnie finirait par faire faillite a brève échéance. Emprunter une forte somme d'argent a la banque me semblait excessivement risqué. C'est de cette facon que je me suis retrouvé avec ce qui s'est avéré etre une épave flottante, en septembre 2004.

Mais je me suis rendu compte de l'état réel de mon voilier qu'en juillet 2005. A ce moment la, deux options me semblaient évidentes. Soit je le mettais a la poubelle et je venais de perdre ce qui pour moi était une somme considérable, ou bien je me relevais les manches et je le rebatissais, a mon gout. Comme la boite minable ou je travaillais a fini par faire faillite tel que tous les employés l'anticipaient, je me suis retrouvé avec beaucoup de temps a consacrer a cette restauration.

Ce projet me fait apprendre des choses nouvelles pratiquement a tous les jours. Ca me fait rencontrer des gens amicaux. Je découvre un monde dans lequel je me sens bien. Bien qu'aujourd'hui, mon voilier n'ait que peu de valeur aux yeux de la plupart des navigateurs, en raison de son apparence, de ses mauvaises performances a remonter au vent,  il demeure néanmoins mon bébé. D'autre part, comme il est rapporté dans la page parlant de son architecte, ces trimarans sont stables, fiables, et ont permi a de nombreux amateurs ayant peu ou pas d'expérience, de réaliser leurs reves de navigation sous les tropiques ou meme autour du monde. De plus, j'ai réalisé que ce projet a également une dimension spirituelle, meme presque thérapeutique, pour moi. En reconstruisant ce qui était jadis une épave flottante, je me trouve, d'une certaine facon, a me reconstruire moi-meme.

Aujourd'hui, Je regarde derrière moi et je réalise toute l'ampleur du travail accompli. C'est colossal. Mon voilier est presque terminé. J'ai fait faire une expertise maritime dessus qui a donné un résultat très positif.  Maintenant, je commence a penser a la suite. Qu'est-ce que je ferai une fois vraiment terminé? Ou irai-je naviguer? Quels sont mes projets pour l'avenir? Il y a cette partie de moi qui résiste aux changements. Les aspergers aiment la routine, dit-on. Il y a cette autre partie de moi qui est craintive, imagine constamment des scénarios-catastrophes au sujet de tout ce que j'entreprend. Mais ces parties de moi, je les combat. J'ai l'intention de larguer les amarres. Pas tout seul mais en groupe, avec d'autres navigateurs, en suivant d'autres voiliers. Jusqu'ou j'irai? Il y a des milliers d'iles dans les Caraibes. Peut etre je m'arreterai aux Bahamas, peut etre je continuerai jusqu'aux San Blas. Ou quelque part a mi-chemin, je remonterai Rio Dulce jusqu'au Lac Izabal, au Guatemala?


Et un jour, je reviendrai. Pour raconter mon histoire. J'aimerais beaucoup écrire un livre, que je dédierais aux autistes, aux adultes survivants d'abus durant l'enfance, a tous ceux qui sont différents. Peut-etre aussi faire un film avec les images que je rapporterai. Seulement alors j'aurai le sentiment d'etre arrivé a destination.


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I am a black sheep. Different, I do nothing like the others. While the others take the nice and straight road, me, I make my own, with a machette, through a jungle infested with mosquitoes and man-eating-tigers. The people on the nice road, see me dissapear in the jungle and think "he's crazy" or "he won't make it" but they all shut up when, much later, I reappear on the other side of the jungle, the body covered with scratches but still very alive. My way of thinking is unique. I need to make my own road. I need to do things, my way.

I do not fit that mold society wants each and every individual to fit into. First, I have Asperger syndrom, considered a mild form of autism mostly characterized by difficulties in social events, like reading non-verbal language, or limited and narrow fields of interests. Aspergers often have difficulties with social conventions like respecting a dress-code for a given event. Some aspergers learn better alone, they're autodidacts. Aspergers also have a lot of difficulties with bullshit and hypocrisy. (Politicians speeches, agressive salemen arguments) However, these difficulties tend to decrease over the years and furthermore, many Aspergers can be highly gifted. Some have well above average IQ, others are very imaginative, creative, or possess prodigious photographic memory.

Besides, I have a depersonalization disorder and complex post-traumatic stress disorder, consequences of criminal acts that happened to me, that I don't like talking about, from 3 years old until late teenage. What I experienced then, greatly affected my scholar and social development. I withdrew myself from the rest of the world and started, right in the first years of elementary school, to read encyclopedias and science and technology books. I quickly discovered a domain in which I felt more interest than the others and that I could experiment at home: Electronics.

 
However, barely arrived on the workmarket, I was hit by a very debiliating inflammatory bowel disease that kept me many years away from the rest of the world. For some time, I thought I would not make it, and I was looking forward to it. The long period of rest that followed, considerably added to my social isolation.
 
My most prominent traits are my difficulties in social relationships. Then, I am quite avoidant, I have a tendency to want to stay alone. Also a tendency to assume a worst-case scenario to most situations I face. And I have big difficulties trusting people. I must avoid the proximity of people with a dominant attitude, or agressive tempered people, those who like to act like bullies, that advocate the usage of violence to fix problems. They are a trigger to me, bringing back to the surface the worst symptoms of the post-traumatic stress disorder, such as the hyper-vigilance, the flashbacks, anxiety, panic attacks.

Due to those things that happened in my childhood, going to school was a nightmare to me. Though psychologists were telling me I am very gifted, I ended up with diplomas that are worth less than the paper on which they're printed. Most of the things I can do, that far exceed what I learned in colleges, I learned by myself. That means I have no diploma that testifies these knowledges or skills I have. So on the workmarket, most serious companies won't hire people like me, as they only consider candidates based on their diplomas and being due members of professionnal corporations. I later got very negative and traumatic work experiences, at the service of miserable employers, that all closed their doors since then, that were not giving a shit about people, respect, and basic human relationships. Although I remain affected and bitter from these experiences, I also kept a most beautiful memory of one man, a senior engineer, in his retirement today, that made the nicest compliment to me, when he told me I am the most skilled and competent non-engineer he ever met.


I obtain my greatest feeling of pride and accomplishment from stuff I design and build at home, alone. Very young, with my reading,  I gained enough knowledge in electronics, to the point I started to make my own designs and projects of increasing complexity. I enjoyed it. Among others, I made a remote control to operate models, and then robotics projects, a micro-computer, and more.  Then came the inflammatory bowel disease, considered incurable, and the peculiar way I nevertheless cured from it, with the contact with nature and animals. Since that day, my values got completely transformed. I did horse riding almost every day for 9 years, owned a horse for 6 years. Also owned a husky-colley mix dog for 13 years. I enjoy a lot the contact with nature, its something as vital to me, as eating or breathing.

I have lost all interest and pleasure I used to have, in doing electronic design and microprocessor programming. My last employers, with their agressive temper, definitely killed in me what interest in electronics I still had after my recovery. It is in that last employment, in which my relation with my boss gradually went from friendly to unbearable, that I grew an interest for sailing. I got navigation lessons. Then started to browse through classified ads, looking for sailboats for sale. But I did not have lots of money, and where I worked, it seemed obvious the company would go bankrupt in the short term. Borrow a large amount of money at the bank, seemed too risky. That is how I ended buying what proved to be a floating wreck, in september 2004.

 I only realized the true state of my sailboat in july 2005. At that time, only two options seemed obvious to me: Either, I wasted it, and I just lost what was to me a considerable amount of money, or else I pulled up my sleeves and rebuilt it to my liking. As the miserable company where I worked then, effectively went bankrupt as all the workers feared, I ended up with all the time I needed to do the repairs.

This project is making me learn new things almost everydays. It makes me meet friendly people. And discover a world in which I feel good. Although today, my sailboat has negligible value for experienced sailors because of its look and poor performance sailing upwind, its still my baby. Also, as it is said in the page about its architect, these trimarans are stable, reliable, and allowed many inexperienced amateurs to realize their tropical navigation dreams or even sailing around the world. Furthermore, I realized that this project also has a spiritual dimension, and even, an almost therapeutical effect, for me. In rebuilding what was a floating wreck, in some way, I am also rebuilding myself.


Today, I look behind me and I realize the magnitude of the work done. It's colossal. My sailboat is almost done. I had a survey done on it, which gave very good results. Now I am thinking about what's coming. What will I do when it will be really finished? Where will I sail? What are my future projects? There is this part of me that resists to changes. It is said that aspergers do like routine. There is also this other part of me, that is insecure, always imagining worst-case scenarios about everything I do. But I am fighting these parts of me. I intend to cast-off. Though not alone but in a group, with other people, following other sailboats. Up to where will I go? There's thousands of islands in the caribeeans. Maybe I will stop in the Bahamas or maybe I will continue until the San Blas. Or maybe, halfway, I'll sail up Rio Dulce until Lake Izabal in Guatemala?

And, one day, I'll come back. To tell my story. I would very much like to write a book I would dedicate to autists, adults survivors of child abuse, to all those who are different. Maybe also produce a movie with all the images I'll bring back. Only then, I'll feel I reached my destination.

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